Séminaire Linguistique Informatique




2 Novembre 2009

Laurent ROUSSARIE (Université Paris 8).

TITRE:  Contextes incertains en sémantique dynamique. L'exemple des modalités épistémiques.

En sémantique dynamique, le contexte est en partie modélisé sous la forme d'un ensemble de connaissances (cf. le Common Ground de Stalnaker par exemple).  Cela permet d'adapter facilement les analyses traditionnelles de la modalité épistémique (Kratzer e.a.) : une proposition certaine ou sue (i.e. nécessaire) est une conséquence de la base de connaissance et une proposition incertaine (i.e. possible) est simplement compatible avec cette base.  Cela entraîne une assimilation de la notion d'ignorance à celle de possible : ignorer si p est vraie dans un contexte c équivaut à savoir que p est simplement possible dans c.  On peut alors aisément montrer les limites de ce type de formalisation.  En particulier on ne parvient pas à représenter un contexte où un locuteur ignore si une proposition est possible ou non. Et cela à plusieurs conséquences indésirables.  La formalisation prédit, à tort, qu'une phrase modale comme (1) ne peut pas être informative dans une conversation.

(1) Il se peut que le jardinier soit le coupable.

De même, elle prédit qu'une question contenant un opérateur modal épistémique comme (2) est vide de sens.

(2) Se peut-il que le jardinier soit le coupable ?

Dans cet exposé, après avoir présenté le détail des problèmes mentionnés ci-dessus, je proposerai une manière de structurer formellement le contexte afin résoudre ces difficultés.  Je proposerai également une réflexion sur la modélisation du statut des différents types d'information qu'il convient de prendre en compte pour formaliser le contexte en sémantique dynamique.